2023, une année riche d’enseignements pour le team voile Maître CoQ et son skipper
8 janvier 2024
« Bien que la saison 2023 ne se soit pas déroulée de la manière souhaitée et ne soit pas à la hauteur de nos objectifs, Il ne faut pas trop noircir le tableau puisque nous avons beaucoup appris et engrangé des connaissances ! » démarre Yannick Bestaven plus déterminé que jamais, et qui, en cette aube de nouvelle année, n’oublie pas le privilège d’être à la barre d’un IMOCA, au contact de marins talentueux, avec en ligne de mire le plus fameux des tours du monde : le Vendée Globe dont le départ sera donné le dimanche 10 novembre prochain.
Cascais : chute et rebond
L’année avait bien démarré avec une sortie de chantier hivernal dans les temps et des entrainements à Cascais dans de superbes conditions.
« Nous avons pu tester ce que nous souhaitions avec, à nos côtés, Pascal Bidégorry, un expert qui nous a bien aidé à comprendre le fonctionnement de notre Maître CoQ V, mis à l’eau en août 2022, sistership d’11th Hours. Cette partie maritime a été un franc succès. »
Si l’objectif était d’engranger des milles, il était également pour Yannick de parfaire sa condition physique « J’avais un programme sportif à terre bien établi, notamment avec des sorties à vélo avec mon équipe. C’est lors d’une descente dans les montagnes portugaises au-dessus de Cascais que j’ai chuté. Le bilan était lourd tant pour moi physiquement que pour le projet voile Maître CoQ. »
« Ma formidable équipe a tout de suite pris les choses en main pendant ma période de rémission. Avec l’équipe technique, Julien Pulvé mon co-skipper sur cette année en double, et Jean-Marie Dauris, mon ami et directeur technique et sportif, ont tout mis en œuvre pour poursuivre des navigations à Cascais afin de poursuivre l’acquisition de données sur Maître CoQ V. »
« L’adaptation, l’agilité à faire face aux imprévus, la capacité de rebond, c’est une force de notre team voile Maître CoQ depuis le début du projet en 2018. Je suis très fier de mon équipe et du groupe solide que nous formons avec Anne, Jean-Marie, Stan, Julien, Anaïs, Arnaud, Hyana, Quentin, Malo, Yvan, Ludo, Ronan et Christophe. Nous sommes une équipe de petite taille mais de véritables couteaux suisses avec de nombreux talents, tous investis dans la réussite du projet sur le long terme. C’est très important pour un marin solitaire d’avoir cette base à terre. C’est ça un projet Vendée Globe : la force d’un collectif.»
Rémission et mental
Il aura fallu 4 mois à la fois de patience et de travail acharné à Yannick pour se remettre sur pieds après les multi-traumatismes subis lors de cette mauvaise chute.
« J’ai pu compter sur le soutien sans faille de mon préparateur physique, Pascal Mas, qui a tout mis en œuvre en collaboration avec le corps médical pour que je retrouve mes pleines capacités au plus vite tout en suivant le rythme imposé par la consolidation de mon organisme.
Ce travail m’a parfois fait grincer des dents mais m’a poussé à aller loin dans l’acceptation de la douleur. Ca m’a remémoré la souffrance que j’ai pu ressentir à certains moments pendant le dernier Vendée Globe lorsque j’ai été éjecté de ma bannette et propulsé contre la paroi avant de Maître CoQ, je m’étais déjà cassé des côtes… Au final, je suis content de constater que je suis assez dur au mal et que j’ai de la ressource même dans l’adversité. »
Parallèlement à cette rééducation, un autre acteur a permis à Yannick de cicatriser des plaies moins visibles mais tout aussi importantes…
« Quand vous êtes abimés comme je l’ai été, il faut réapprendre à avoir confiance dans les capacités de votre corps. La grande question que je me posais alors était : mon corps est-il assez solide pour affronter la brutalité des chocs que l’on encaisse à bord d’un IMOCA comme Maître CoQ ? Il fallait absolument que je retrouve confiance. Eric Blondeau a été d’une aide précieuse encore une fois. Nous avons beaucoup discuté. Et petit à petit, les nœuds se sont dénoués, ce qui m’a permis de remonter à bord de Maître CoQ dès juillet, sur la Rolex Fastnet Race aux côtés de Julien. Cette course a été primordiale et m’a redonné pleine confiance. »
Les compétitions et leurs enseignements
Guyader Bermudes 1000 Race, Rolex Fastnet Race, Défi Azimut, Transat Jacques Vabre, 2023 était une année de courses en double. Si, aux tableaux des classements, le team voile Maître CoQ n’a pas obtenu les résultats escomptés, en termes techniques, les enseignements sont nombreux tout comme, pour Julien Pulvé, skipper remplaçant sur le prochain Vendée Globe.
Yannick : « Si je n’ai pas navigué autant que souhaité, Maitre CoQ V a, quant à lui, poursuivi le programme initialement prévu et a engrangé des milles précieux, tout comme Julien Pulvé, co-skipper des courses 2023, mais aussi le skipper remplaçant sur le Vendée Globe. Il a effectué l’intégralité du programme prévu et a appris beaucoup sur Maître CoQ V tant en navigation qu’en technique. Cette préparation est un super atout pour lui comme pour le team voile Maître CoQ. »
Et au niveau technique ?
Yannick : « Pour gagner une course, il faut d’abord avoir la capacité de la finir. Si je tire un bilan de l’année et regarde un peu les différentes écuries, tout le monde a eu son lot de soucis techniques.
Nous avons débriefé avec l’équipe des difficultés que nous avons pu rencontrer cette saison que ce soit l’électronique sur le défi Azimut ou le souci de hook qui a engendré une série de problèmes en cascade sur la Transat Jacques Vabre jusqu’à provoquer notre retrait prématuré. Nous avons tous été meurtris par cet abandon. Compétiteurs dans l’âme, nous souhaitons aller au bout de nos entreprises et performer. Nous avons comme les autres mis le doigt sur différents sujets que nous devons améliorer. A ce stade de technicité, il y a des points de vigilance à avoir en tête qui n’étaient peut-être pas encore identifiés chez nous. Ne pas faire les choses par habitude sous prétexte qu’avant ça marchait… Les charges supportées par nos nouveaux foilers, la pression sur certaines pièces, tout est différent. Nous devons être intransigeants et sans cesse nousposer des questions.
Le souci de cloisons rencontré sur la Jacques Vabre nous a permis de détecter des faiblesses structurelles. Le chantier actuel est donc en grande partie focalisé sur le renforcement des zones où les impacts sont violents. Les courses intermédiaires qui vont nous conduire jusqu’au départ du 10 novembre 2024 sont des courses à part entière mais, ce sont aussi des entrainements grandeur nature. Lors de nos sorties à La Rochelle ou à Cascais, on pousse nos bateaux certes, mais nous ne prenons jamais le risque de naviguer dans des mers démontées et des vents violents comme nous pouvons en subir sur une course. Nous ne pouvons en aucun cas hypothéquer le départ d’une grande course autant pour des impératifs sportifs que de communication. Peut-être qu’il faut réviser cette manière de faire et admettre que l’entrainement est fait pour éprouver le matériel comme il se doit.
Par ailleurs, cette saison, nous avons beaucoup travaillé avec Arnaud Chaigne, notre ingénieur du bureau d’études, sur les données recueillies par les multiples capteurs embarqués à bord de Maître CoQ V. Leur exploitation est précieuse et nous aident dans les choix qui se présentent à nous tant au niveau du chantier et de la préparation à terre que sur certaines configurations de navigation. C’est une manière de travailler assez nouvelle pour nous. La data est partout et c’est une aide précieuse. »
Le chantier d’hiver ?
A son retour à la Rochelle, Maître CoQ V a été passé au crible : mât, bôme et coque ont été passés aux ultra-sons pour détecter toutes les faiblesses.
Yannick « L’équipe technique dirigée par Stan Delbarre (le boat captain) réparent les cloisons cassées, renforce ce qui doit l’être.
Des améliorations sur l’aérodynamisme sont aussi en cours ainsi que tout un travail sur l’ergonomie du bateau notamment la partie siège, table à cartes et bannette, ce travail a été bien anticipé par Hyana Tesnière (bureau d’études) qui a géré les plans des pièces en amont.
L’ensemble des systèmes mécaniques est révisé.
C’est le gros chantier avant le tour du monde. Maître CoQ V sortira mi-mars dans sa configuration Vendée Globe avant d’entamer une grosse session de navigation au large du Portugal. »
Programme
Mi-Mars : sortie de chantier à La Rochelle
Mars et avril : entrainements au large du Portugal
28 avril : Transat CIC : Lorient – New-York
29 mai : Transat New-York – Vendée – Les Sables d’Olonne
10 novembre : Vendée Globe
L’équipe autour de Yannick
Anne Combier – Team manager
Jean-Marie Dauris – Directeur technique et sportif
Julien Pulvé – Co-skipper saison 2023, skipper remplaçant Vendée Globe 2024
Stanislas Delbarre – Boat Captain
Arnaud Chaigne – Bureau d’études
Hyana Tesniere – Bureau d’études
Ludovic Bosser – Composite
Ronan Le Goff – Accastillage et winch
Luis Guervos– Electronique et électricité
Yvan Joucla – Matelotage
Quentin Milleret – Assistant technique
Malo Cassagne – Assistant Technique
Christophe Bouvet – Navigant
Anaïs Lepers – Administration et logistique
Pascal Mas – Coach sportif
Eric Blondeau – Coach mental