#VG20 – Jour 16 – Contournement de Sainte-Hélène
24 novembre 2020
Le chemin qui mène à Bonne Espérance n’est pas tout tracé et les sentiments oscillent entre espoir et désespoir en fonction de la force du vent qui vient souffler dans les voiles. « Hier soir, c’était dur pour le moral. Mes voiles claquaient par manque de vent. En plus de leur bruit, elles s’abiment dans ces conditions. Pas top du tout ! A l’instant où je vous parle, c’est mieux. J’ai 10/11 nœuds de vent. » témoignait Yannick en fin de matinée lors d’une visio-conférence avec son partenaire Maître CoQ. Y assistait bon nombre de salariés. « Je sais que vous êtes nombreux derrière moi. Un grand merci à tous les collaborateurs de Maître CoQ pour le soutien. Bon courage à tous. La période n’est pas simple. Je pense à vous. »
Anne Combier, team manager : « Nous avons mis en place ces rendez-vous une fois par semaine à la demande de Maître CoQ afin de partager ce Vendée Globe avec tous. Yannick nous dévoile les coulisses de ce qu’il vit ; chacun voyage un peu et participe à cette belle aventure. De nous savoir nombreux à ces rendez-vous que l’on fait via le système Ektacom, un partage d’écran et l’application de vidéo conférence est un grand booster pour Yannick qui raccroche le sourire aux lèvres après un moment avec le monde des terriens. En cela la modernité des moyens de communication terre/mer présente un avantage certain…Même si Saint-Lys avait un autre charme (rires) »
Yannick, comment ça se passe à bord aujourd’hui ?
« Seizième jour de course, je crois ! Je suis en pleine forme dans 10/11 nœuds de vent ! C’est mieux qu’en début de nuit où le vent était aux abonnés absents. Je passe beaucoup de temps aux différents réglages du Maître CoQ pour bénéficier de tout son potentiel. Le bateau est nickel. Il souffre moins dans ces conditions de petit temps.»
Parviens-tu à t’alimenter ?
« Très bien oui. Je suis scrupuleusement le régime que mon « attachée » alimentaire m’a prescrit. Je le suis d’autant plus que je trouve dans mes sacs journaliers, des petits mots, des photos (petit carton recto verso plastifié). Ça fait chaud au cœur. C’est motivant. Résultat, j’en ai ouvert deux aujourd’hui car j’avais faim… Et double ration de messages ! (rires) »
Comment vois-tu la suite du parcours pour contourner Sainte-Hélène ?
« Ce qui est certain déjà, c’est que l’on ne battra pas le record d’Armel Le Cléach. Les routages me semblent aléatoires. J’espère qu’en fin de semaine, on se retrouvera au Sud de l’anticyclone et qu’on pourra accélérer la cadence vers le cap ! »
Cinquième ce matin, bravo !
« Je suis là où je rêvais d’être pour l’entrée dans les mers du sud. Je suis content même si je me méfie à la fois de l’option de Louis Burton de faire le grand tour par la route sud et à la fois d’un retour des camarades de derrière… Plus que les classements, il faut se fier aux trajectoires et au placement des éléments : anticyclone et axe dépressionnaire et espérer garder du vent… »
Comment orchestres-tu ta vie à bord sur 24 heures et gardes-tu comme repère l’heure universelle ou l’heure solaire ?
Je mixe les deux. Les heures TU me permettent de rester avec la terre : fichier météo et communications diverses. Mais ma vie est rythmée par le jour et la nuit.
Aux premières lueurs du jour, je me prends un petit déjeuner et analyse les fichiers météo. Je fais mes routages et étudie la situation générale.
S’il n’y a pas trop de manœuvres, je fais le tour du propriétaire afin de tout inspecter.
Un brin de toilette ensuite. L’après-midi, je m’accorde un temps de repos si c’est jouable et je lis un peu, actuellement, je suis sur « 21 leçons pour le XXIème siècle ». J’écris aussi un carnet de bord quand les conditions le permettent… Pour le moment, il est plein d’une écriture patte de mouches ; pas certain de pouvoir me relire (rires). »
Yannick, comme Kevin Escoffier ( PRB), Jean Le Cam ( Yes We Cam), Sébastien Simon (Arkea-Paprec) Boris Hermann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco) avec lequel Maître CoQ IV navigue à vue depuis hier, poursuit la route sud-est et progresse dans le couloir de vent au Nord du front. La question maintenant est de savoir quand descendre au sud et ajuster le contournement par l’Ouest de l’anticyclone qui se déplace rapidement.