2025

Yannick Bestaven et Maître CoQ V remettent le cap sur les Sables d’Olonne

6 janvier 2025

Après 6 jours d’escale technique à Ushuaïa (extrême sud de l’Argentine), Yannick Bestaven reprend la mer ce lundi 6 janvier à bord de son IMOCA Maître CoQ V, direction les Sables d’Olonne. Si le Vendée Globe s’est brutalement arrêté pour le tenant du titre avec beaucoup d’avaries cumulées, le 30 décembre dernier, son tour du monde n’est pas terminé. L’aventure se poursuit pour le skipper rochelais, qui, avec l’aide d’une partie de son équipe technique, ont remis à flot Maître CoQ V en un temps record.

Déterminé à écrire comme il se doit les dernières lignes de son histoire en solitaire, Yannick Bestaven prenait lundi 30 décembre la décision de faire une escale technique en Patagonie pour réparer les différentes avaries subies depuis le 24 décembre, travaux qu’il ne pouvait pas réparer lui même, ayant entraîné de fait l’arrêt de son Vendée Globe. Un chantier du bout du monde qui permet à Yannick de reprendre la mer dès aujourd’hui pour rallier les Sables d’Olonne en solitaire.

Dès leur arrivée à Ushuaïa le mardi 31 décembre, les membres du team technique Maître CoQ ont entamé les premières inspections au niveau de la coque de l’IMOCA pour évaluer l’étendue des dégâts. Yannick Bestaven et son équipe ont pu basculer Maître CoQ V sur l’eau pour examiner de plus près le fond de coque du bateau, et réaliser les travaux de stratification (pose de couches de fibre de carbone). « Les opérations de grutage à Ushuaïa sont compliquées. Les autorités locales ne nous autorisaient qu’un seul jour avec la grue, nous avons donc dû trouver des astuces pour pouvoir coucher le bateau entre trois corps-morts en tirant sur le mât par une des drisses, explique Jean Marie Dauris, le directeur technique et sportif du team voile Maître CoQ. Cela nous a permis de faire les opérations de réparation sur la coque, au niveau de la quille, du bordé et du foil. En plus, nous avons pu réparer plein de petits bobos et remettre complètement en état le système de barre. Nous avons refait toute la pièce qui était cassée, changé les frêtes de safran. Nous avons également pu réparer le Code 0. Nous avons pu nous installer dans un gymnase pour étendre la voile et la remettre en état. Yannick va pouvoir repartir avec un bateau totalement opérationnel. »

Un chantier hors du commun, réalisé en un temps record. « Nous avons été très bien accueillis par les locaux, et avons également rencontré beaucoup de Français. De nombreux marins ont voulu nous donner un coup de main pour réparer. Nous avons été bien aidés, car ce n’est vraiment pas l’endroit le plus simple pour faire escale, au bout du monde, avec des moyens qui ne sont pas forcément les plus adaptés pour ce type de bateau. Réaliser ce chantier avec Maître CoQ V a nécessité une sacrée organisation, notamment pour s’adapter aux conditions météo qui sont assez changeantes avec des averses, des températures oscillant de 5 à 20°C. »

YANNICK BESTAVEN : « JE ME DOIS, ET JE VEUX BOUCLER CE TOUR DU MONDE »

Maintenant il faut descendre le canal de Beagle pour atteindre l’Atlantique, canal de plus de 100km, qui faudra parcourir dans la zone maritime de l’Argentine, et tout cela au moteur, soit environ une douzaine d’heures.  Afin de ne prendre aucun risque, l’équipe technique escortera Maître CoQ V et Yannick Bestaven,  jusqu’au moment où il pourra naviguer en toute sécurité. 

Le nouveau départ à la voile et en solitaire à bord de Maître CoQ V a eu lieu ce lundi 6 janvier à 6h, heure locale (10h heure de Paris). Yannick tenait à repartir en même temps que le groupe mené par Tanguy Le Turquais (Lazare) dont son ami d’enfance Arnaud Boissière (La Mie Câline) fait également partie. 

Le skipper rochelais espère rallier le port Vendéen avant fin janvier. Mais avant cela, il devra être fin stratège pour remonter l’Océan Atlantique et déjouer les pièges météorologiques auxquels il pourrait faire face. « J’ai dit que c’était ma dernière course en solitaire, donc pouvoir ramener Maître CoQ V aux Sables en solo me permettrait de terminer sur une note plaisir, et puis il y a le sens du partage, explique Yannick Bestaven. Il y a beaucoup de monde qui m’attend à l’arrivée. Je sais que tous les collaborateurs Maître CoQ qui n’ont pas pu fêter mon arrivée il y a 4 ans à cause du COVID ont à coeur de le faire cette année. Pour toutes ces raisons je me dois et j’ai envie de finir pour vivre ça. Grâce à mon équipe, nous avons pu effectuer les réparations sur Maître CoQ V en un temps record, et je vais pouvoir repartir, hors course, mais dans le paquet de Tanguy Le Turquais, mon ami Cali (Arnaud Boissières)… Je suis impatient de reprendre la mer et de boucler la boucle. Il va y avoir beaucoup de stratégie pour remonter l’Atlantique, j’ai hâte de retrouver ces conditions. » 

ANNE COMBIER, TEAM MANAGER : « UN ÉTAT D’ESPRIT RÉSILIENT QUI NOUS DONNE LA FORCE DE REPARTIR »

« Cet arrêt brutal, mais obligatoire du Vendée Globe a été douloureux pour Yannick comme pour toute l’équipe Maître CoQ, et les partenaires. Mais nous savons tous que nous vivons des aventures exceptionnelles, et que dans ce contexte, nous ne pouvons pas nous plaindre, mais nous devons avancer, déclare Anne Combier, team manager. La compétition, en général,  est aussi une leçon de vie, d’humilité, un état d’esprit résilient qui nous donne la force de repartir. Une fois la décision prise, nous nous sommes mis en ordre de marche pour construire l’opération “commando” à l’autre bout de l’hémisphère sud, afin d’ accueillir Yannick et Maître CoQ V à Ushuaïa dans les meilleures conditions. Nous avons pu compter sur un réseau incroyable de navigateurs, des team IMOCA, beaucoup de personnes nous ont proposé des solutions en nous donnant les bons contacts sur place. Sans oublier notre partenaire Maître CoQ qui a été très solidaire dans cette histoire, et les équipes de communication sur le pont jour et nuit. Cette expérience incroyable, donne de la lumière sur notre métier qui nous passionne. Je voulais tout d’abord remercier l’équipe technique qui a tout lâché, le jour du réveillon pour partir sans se poser une question et venir aider Yannick pour finir de boucler son tour du monde. C’est le meilleur des sentiments que j’ai ressenti et qui donne beaucoup de joie. »