Yannick Bestaven sur la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne avec sourire et passion !

4 juillet 2020

Yannick Bestaven prend samedi à 15h30 le départ de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, première course de la saison de son IMOCA Maître CoQ IV. Une grande boucle de près de 3600 milles et d’environ deux semaines, qui le mènera des Sables d’Olonne à l’Islande puis aux Açores avant un retour en Vendée. Au moment de s’élancer, le Rochelais affiche une belle sérénité, pressé d’en découdre avec les 19 autres solitaires et de continuer à préparer son grand objectif, le Vendée Globe.

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Situation sanitaire oblige, le départ de cette Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne est assez spécial, puisque tu as quitté La Rochelle hier vendredi après-midi avant de passer quasiment 24 heures en mer et de rejoindre la ligne aux Sables d’Olonne, comment vis-tu cette situation ?
On a en effet eu une nuit en mer pour se mettre en condition, mais je trouve ça bien, ça permet déjà de rentrer dans la course. Après, l’absence de contact physique avec les organisateurs, le public, les partenaires et la presse est forcément un peu bizarre par rapport à ce qu’on a l’habitude de vivre, mais j’espère qu’on pourra tous remonter le chenal des Sables à l’arrivée !

 

Comment vois-tu les conditions du début de course ?
Ce sont des conditions assez sympas pour le départ, du près dans une quinzaine de nœuds de vent, voire un peu plus, une journée assez belle. Ensuite, dans la soirée, quand on va s’établir bâbord amure pour monter le long de la Bretagne vers l’Irlande, le vent va forcir. Nous allons chercher un front un peu musclé en Mer d’Irlande, avec une trentaine de nœuds et des rafales un peu plus fortes. Mais ça ne va pas durer très longtemps, et surtout, avec Maître COQ IV, nous avons connu ce type de conditions soutenues en entraînements depuis le déconfinement, et ça s’est bien passé. Je ne suis donc pas trop inquiet par rapport à ça. Il faudra juste bien anticiper les changements de voiles, parce que je pense qu’il va y en avoir beaucoup ; on va être bien épuisés en arrivant aux Sables d’Olonne.

 

Ces conditions semblent  te plaire ?
Oui, ça me plaît, parce qu’on est à peu près sûr que, dans ces conditions de vent de face, les bateaux modernes ne vont pas faire une grosse différence sur cette portion. On est à peu près tous égaux au près et ça devrait même durer jusqu’après l’Irlande. Ensuite, ça va se calmer. On va tomber dans une dorsale anticyclonique avant de rencontrer un nouveau centre dépressionnaire fort. Je ne sais pas encore dans quel sens on va le passer. Après, ça sera plus tranquille pour aller jusqu’en Islande où nous pourrions arriver aux alentours de vendredi.

 

Y aura-t-il des coups stratégiques à jouer sur les premiers jours de course ?Ce ne sera pas de la grande stratégie avec des options radicalement différentes entre les uns et les autres. Ca va davantage se jouer sur des petits placements avec des bascules de vent à bien négocier. Ensuite, il y aura plus de jeu pour viser la deuxième dépression. En tout cas, c’est un parcours très intéressant au niveau stratégie, parce que ce n’est pas une transatlantique classique. On est quand même dans l’inconnu, on n’a jamais été naviguer vers l’Islande. Il va y avoir du vent, de la brume, des cétacés. C’est exceptionnel dans la même année d’aller flirter avec le 60° Nord puis sur le Vendée Globe avec le 60° Sud. Ce n’est pas une occasion qui va se présenter tous les ans. On va avoir le droit à des trains de dépression, traverser des anticyclones. Ce parcours s’annonce assez complet, c’est bien de pouvoir concentrer ça en une course, parce qu’on n’a pas pu faire les deux transats prévues cette année (The Transat CIC et la New York-Vendée).

 

Dans quel état d’esprit es-tu avant cette première course de l’année ?
Il y a toujours le petit stress d’avant-course, mais j’arrive à le maîtriser. Je suis assez serein ; j’ai la chance d’avoir beaucoup navigué l’an dernier et depuis le déconfinement. Je commence à vraiment bien maîtriser mes gammes sur mon Maître CoQ, notamment en termes de manœuvres. Mes ambitions sont avant tout de me faire plaisir et de m’entraîner en vue du Vendée Globe. Je suis déjà qualifié, je connais bien le bateau. La Vendée Arctique est une bonne répétition et un bon test pour le matériel. C’est le seul moment où on pourra vraiment éprouver nos montures. Ca permet de valider tout le travail que nous avons fait cet hiver avec l’équipe qui ne s’est pas épargnée. Ça sera aussi une bonne occasion de voir les différentiels de vitesse entre les bateaux en fonction des allures. Il y aura sans doute de bons enseignements à tirer. On saura forcément un peu plus où on en est par rapport à l’objectif Vendée Globe. Franchement, ça va être sympa de bosser les manœuvres, la gestion en solitaire, de faire de la stratégie et de la météo, on est en manque de tout ça, j’y vais avec sourire et passion !