Le team voile Maître CoQ, focus sur les navigations techniques
28 mai 2020
« Vérifications et validations des évolutions réalisées cet hiver
avant de plus longues sessions sur l’eau.»
Comme les équipes de l’entreprise vendéenne Maître CoQ dont l’activité n’a jamais cessé pendant le confinement, Yannick Bestaven a été particulièrement occupé depuis le 17 mars, entre l’IMOCA Maître CoQ IV (mis à l’eau le 11 mars) à surveiller, de l’entretien physique chez lui, la préparation météo du Vendée Globe et du bénévolat dans une association d’aide alimentaire. Le Rochelais dédie désormais l’intégralité de son temps, depuis le 11 mai, à différents contrôles à bord, avec la mise en place de tests sur des thèmes précis, à valider en navigation, à six mois du départ de la course autour du monde en solitaire sans assistance et sans escale. Un évènement majeur auquel son partenaire Maître CoQ se prépare également autour d’actions tournées vers les collaborateurs de l’entreprise vendéenne mais aussi vers le grand public. Un planning d’entraînements réaménagé pour le Team voile Maître CoQ.
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Comment t’es-tu organisé pendant cette période de confinement avec toute ton équipe?
Yannick Bestaven : Comme nous avions mis le bateau à l’eau la semaine juste avant l’annonce du confinement, il a fallu continuer à l’entretenir, notamment le caréner (nettoyer la coque sous l’eau régulièrement), et à le préparer, en poursuivant le travail que nous avions entamé avant d’aller naviguer, particulièrement sur l’électricité. Nous avons travaillé en équipe très réduite, en faisant venir les intervenants les uns après les autres. Nous étions au maximum trois sur le bateau, entre Jean-Marie Dauris (directeur technique et sportif), Frédéric Bazin (en charge de l’électronique et de l’électricité), le Rochelais Adrien Bernard, qui, diplômé de plongée, s’est occupé du carénage et moi. Pour le reste, Stan Delbarre, le boat-captain, a travaillé depuis Concarneau, où il était confiné, Antoine Conan (bureau d’études) était en télétravail chez lui. Donc toute l’équipe a continué à tourner, même si c’était de façon un peu réduite. En tant que marins, nous avons l’habitude de devoir nous adapter en fonction des changements de situation : parfois, il faut faire le dos rond, réduire la voilure, pour laisser la tempête passer et mieux repartir, c’est ce que nous avons fait !
De ton côté, comment as-tu occupé ton temps ?
J’ai réparti mes journées entre le suivi du bateau sur place, du sport chez moi et la préparation météo du Vendée Globe par vidéo conférence ou téléphone. J’en ai aussi profité pour faire un peu de travaux dans ma maison, ce que je n’avais pas forcément prévu de faire (sourire). Pour moi, cette période de confinement a aussi été propice à l’ouverture vers les autres. J’ai notamment effectué quelques distributions de colis alimentaires pour une association, La Halte du Cœur. Je me suis beaucoup enrichi humainement. Des moments précieux. J’ai aussi une chance folle d’avoir Maître CoQ, un partenaire avec lequel les échanges sont quotidiens, que ce soit autour du projet voile mais aussi sur des sujets plus généraux. C’est hyper moteur comme relation. Au final, ces quelques semaines ont été intenses ; le temps est passé plutôt vite.
As-tu pu t’entretenir physiquement comme tu le souhaitais ?
Oui, j’ai la chance d’avoir un petit bout de campagne à côté de chez moi pour faire du footing, en respectant la distance d’un kilomètre de mon domicile. J’ai poursuivi ma préparation physique en visioconférence avec le coach, Pascal Mas, qui travaille avec moi à l’année dans une salle à La Rochelle partenaire du projet, One 2 One. J’ai ainsi pu continuer mes séances de crossfit et je n’ai jamais arrêté de faire du rameur. J’ai juste dû poser mon vélo de route.
Pour la météo, comment travailles-tu ?
Je travaille avec Christian Dumard, routeur de profession. Comme j’avais un peu plus de temps que prévu, je suis aussi allé fouiner dans les vieux bouquins de mon ami Jean-Yves Bernot et dans des classeurs que nous avions préparés ensemble en vue de mon Vendée Globe 2008. J’ai fait le tri dans tout ça. J’ai étudié tous les recoins du logiciel Adrena* pour découvrir des fonctionnalités que je ne connaissais pas forcément bien. Et comme je le fais habituellement, j’ai regardé tous les jours les cartes du parcours, notamment celles des mers du Sud, pour m’en imprégner. Pour résumer, j’ai fait mon curieux, le fait d’avoir du temps m’a permis d’aller un peu plus en profondeur.
Quel est le planning post dé-confinement ?
Avec l’équipe au grand complet, nous avons prévu des sorties à la journée pour des essais techniques, comme l’a autorisé la Préfecture maritime Atlantique. Nous allons traiter des dossiers successifs, comme le composite, l’accastillage, l’étalonnage de l’électronique et du pilote automatique, les voiles, et en fonction, nous ferons venir les bonnes personnes à bord, sans être trop nombreux. Ensuite, le temps de la première course de la saison, la Vendée Arctique Les Sables d’Olonne va vite arriver puisque le départ est prévu le samedi 4 juillet prochain. Entre maintenant et début juillet, notre objectif est quoi qu’il arrive de saisir toutes les opportunités pour naviguer le plus possible.
La première navigation ?
Elle a eu lieu le mardi 12 mai dernier. Notre Maître CoQ filait bien et vite. Quel bonheur cette sensation de glisse sur l’eau !
Considères-tu que les deux mois de retard pris à cause du confinement constituent un gros handicap pour le projet en vue du Vendée Globe ?
Ça l’est pour mon entraînement personnel cette année. Mais, pour notre projet dans sa globalité avec Maître CoQ, je ne pense pas, dans la mesure où nous l’avons lancé tôt. Nous avons beaucoup navigué sur le bateau l’année dernière, nous sommes déjà passés par les phases de mise au point, de fiabilisation et de validation, y compris en course. Donc même s’il y a encore les optimisations du chantier d’hiver à valider, nous ne sommes vraiment pas en retard, notamment par rapport à certains bateaux neufs ou à d’autres qui ont subi de gros travaux cet hiver. Si le programme de courses est forcément modifié en amont du Vendée Globe, la suite ne change pas, le chantier d’été aura lieu aux dates prévues et nous restons focalisés sur la date du dimanche 8 novembre, celle du départ du Vendée Globe.