Yannick Bestaven, un confinement serein
3 novembre 2020
Confiné dans un premier temps chez lui, à La Rochelle, Yannick Bestaven a rejoint lundi les Sables d’Olonne, d’où il prendra dimanche à 13h02 le départ de la neuvième édition du Vendée Globe. Si la période est particulière, le skipper de Maître CoQ IV se fait philosophe.
Comme d’autres concurrents du Vendée Globe 2020, Yannick Bestaven a anticipé le confinement obligatoire auquel doivent se soumettre les 33 solitaires à partir du 1ernovembre en s’isolant chez lui à La Rochelle une semaine plus tôt. « Je suis resté à la maison avec mes deux filles, explique-t-il.Je me suis occupé de mes proches, j’ai fait du sport et j’ai préparé mes dernières affaires : il me restait quelques vêtements à mettre sous vide et j’ai fini de charger électroniquement tout ce qui est musique, livres et films, même si je ne suis pas sûr d’avoir le temps de bouquiner et de regarder des films pendant mon tour du monde. »
Cette première partie de confinement s’est achevée lundi, le skipper de Maître CoQ IV ayant « fermé la maison »avant de parcourir les 90 kilomètres séparant La Rochelle des Sables d’Olonne, où il va rester confiné avec sa compagne jusqu’au jour du départ du Vendée Globe. « Dimanche soir, c’était la dernière fois que je voyais mes filles qui retournaient à l’école lundi, ce n’est pas évident de dire au revoir à ses proches les uns après les autres comme ça, il n’y aura pas de grands adieux au ponton. »
Lors de cette dernière semaine avant le départ, Yannick Bestaven ne va pas se tourner les pouces dans son appartement sablais, le programme s’annonçant chargé, entre passages autorisés et minutés au bateau, avec chaque fois un interlocuteur (testé négatif) de son équipe pour faire le point sur des dossiers précis, comme l’avitaillement et le matériel de « spare » (de rechange), séances de sport seul sur la plage et bien évidemment étude météo des premiers jours de course.
Le Rochelais poursuit par ailleurs ses discussions téléphoniques avec Eric Blondeau, un coach mental – qui travaille notamment avec l’équipe de France de voile olympique – rencontré en juin via Jean-Marie Dauris, directeur technique et sportif de l’équipe Maître CoQ. « Au départ, je n’étais pas forcément très intéressé, mais dès les premiers échanges, j’ai vu que ça pouvait m’apporter quelque chose. C’est toujours bien d’avoir le regard d’une personne extérieure au projet, tant sur ma gestion personnelle que sur le management de l’équipe. Au cours de cette dernière semaine, nous allons avoir des échanges pour bien gérer les émotions du départ. »
Et bien gérer cette situation particulière liée au confinement imposé, que Yannick essaie de prendre avec recul et philosophie : « Tout le monde est un peu frustré par ce qui se passe, les marins et le public, mais le principal, c’est qu’on trouve des solutions pour sortir de cette crise sanitaire. De notre côté, nous avons quand même la chance de pouvoir aller naviguer autour du monde, de vivre notre passion, on va emmener par procuration tous les gens qui nous suivent en leur envoyant de belles images de mer et de liberté, j’espère qu’on arrivera à faire rêver tout le monde. »
Et le public, le skipper de Maître CoQ IV a tout de même eu le temps de le croiser pendant la première semaine d’ouverture du village, ce que confirme Christophe Guyony, le directeur général de Maître CoQ : « Nous avons certes dû annuler une grande partie de ce que nous avions prévu pour nos salariés et éleveurs, mais aussi pour la centaine de clients que nous avions invités pour suivre le départ sur l’eau, mais comme les marins en mer, nous avons dû nous adapter. Et nous avons quand même eu la chance d’avoir quasiment quinze jours de village ouvert, pas mal de collaborateurs de Maître CoQ ont pu passer au bateau, ils étaient contents de voir Yannick la première semaine. On aurait tous bien évidemment voulu partager les derniers moments avec lui, mais on ne coupe pas le lien, on se téléphone très régulièrement. » Pour encourager un skipper qui dit du Vendée Globe : « C’est un sacré voyage, dans sa dimension purement géographique – tu fais le tour du globe -, mais aussi un voyage personnel, parce qu’arriver à mener un bateau de course à fond pendant deux mois et demi-trois mois, ce n’est pas rien. ”