#VG20 – Jour 44 – Un Maître CoQ dans un trou de souris…
22 décembre 2020
Alors que la nuit est tombée sur Yannick et Maître CoQ IV toujours en tête, notre duo glisse dans une mer bien rangée avec 18 nœuds de vent sous gennaker. « Beaucoup de manœuvres et d’empannages, séances de sport intensives à bord de Maître CoQ ; mais avec la motivation d’être aux avant-postes et la perspective de peut-être pouvoir me faufiler au bon endroit, tout est acceptable dans cette position, » lançait Yannick ce matin lors de la visio hebdomadaire avec les collaborateurs et éleveurs Maître CoQ.
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7ème semaine en mer, 43 jours de course et depuis 1 semaine, tu es leader. Comment vis-tu cette situation ? Est-ce si simple d’être en tête ?
C’est plutôt agréable oui ; mais je vous avoue qu’au début, c’était un peu stressant, il faut se mettre dans le costume. Aucun bateau à chasser, désormais, c’est moi la cible !
A part ça, je ne modifie en rien à ma façon de naviguer. Je trace ma route comme je le pense, avec de temps à autre un petit regard dans le rétro…
La météo du moment et celle des jours à venir est un peu complexe. Peux-tu nous l’expliquer et, ensuite, nous dire quelle stratégie tu mets en place face à ça ?
Comme les jours précédents, nous sommes coincés dans un couloir contraignant avec un anticyclone d’un côté au nord et la zone d’exclusion des glaces à droite. Il faut tirer partie de tout ce qui se présente et nous adapter en permanence en termes de routes et de voilure donc je multiplie les empannages. Actuellement, je cherche à gagner au maximum dans l’Est, en passant sous l’anticyclone en bordure de ZEA (zone de limite des glaces) . Etant donné le déplacement des basses pressions, pas trop d’intérêt pour moi de les contourner par le Nord. Je me faufile dans un trou de souris … Je préférerai que ça passe, ce qui me permettrait de gagner encore un peu de milles et d’avance sur Charlie (Dalin – Apivia) et Thomas. (Ruyant – LinkedOut)
Tu as franchi cette semaine l’antiméridien. Tu es donc revenu dans des longitudes ouest. Le temps de nuit est bref. Comment vis-tu tous ces décalages d’autant que tu dois aussi relever les fichiers météo qui tombent à des horaires plutôt calés sur nos horaires européens…
Je me suis adapté au fil des jours. Ca va beaucoup mieux. Je dors mieux quand il fait nuit mais comme la mer est plus rangée et le vent régulier, je peux m’accorder des siestes de 1h30 à 2H. Je rythme mes journées avec les trois repas principaux afin de justement conserver un bon tempo. Il faut que je mange les calories nécessaires dans ces contrées un peu froides pour avoir l’énergie nécessaires aux nombreuses manœuvres.
Souffres-tu du froid ?
L’amplitude des températures entre la nuit et le jour est très importante : une dizaine de degrés ; tu passes de 4° à 15° grâce aux rayons du soleil en journée… Néanmoins, je me suis bien couvert afin de ne pas souffrir du froid. J’ai 4 couches sur moi. Je suis bien isolé.
Semaine particulière chez nous à terre, tout le monde s’active pour les fêtes de Noël. Y penses-tu ? Est-ce que tu as le blues du marin qui est un peu loin des siens ? Sais-tu déjà comment tu vas vivre cette journée de Noël ?
De mon côté, je ne pense qu’à mes fichiers de vent ! Noël sera un jour comme un autre à bord de Maître CoQ, même si je devine quelques surprises culinaires de la part de Stéphanie et de mes proches ! Je penserai forcément aux miens et même je pense que l’on va partager ce moment avec un coup de fil…
La solitude commence t’elle à peser ?
Même s’il me tarde de revoir du monde, les journées sont tellement actives, qu’elles passent très vite. Plus trop de notion de durée. Je peux parfois passer par plusieurs états dans la même journée : euphorie et coup de blues, mais on est vite repris par l’environnement et la course…
Christophe Guyony, directeur général de Maître CoQ : « Depuis 37 pointages, nos couleurs sont en haut du tableau. C’est la première fois depuis que nous faisons le Vendée Globe !
Je suis très fier de mettre Maître CoQ en haut de l’affiche, aux avant-postes. Vous nous avez fait confiance ; en étant à cette position, j’essaie de vous rendre un peu de cette confiance. C’est une immense joie pour moi. J’essaie de ne pas trop me focaliser sur le classement car la route est longue. Mais je suis heureux.